Visiter Pont-Aven : que faire dans la cité des peintres
Visiter Pont-Aven : que faire dans la cité des peintres

Visiter Pont-Aven : que faire dans la cité des peintres

Il y a des villes qui, rien qu’en voyant certains de ses coins, vous pouvez les imaginer comme un cadre idéal pour être peint par un artiste. C’est le cas de Pont Aven en Bretagne, et qui, parmi d’autres peintres, a été représenté par Paul Gauguin. J’ai eu la chance de visiter Pont Aven de la meilleure des manières, en profitant de l’image très bucolique du coucher de soleil dans son port au bord de l’étroit estuaire de l’Aven. Un moment magique !

Pont-Aven est connue pour ses atelier où pendant de nombreuses décennies les peintres venus à Pont Aven se sont rencontrés. Ces artistes étaient des connaisseurs des beaux coins qu’ils pouvaient représenter lors de leur séjour dans cette ville du Finistère.

Au 19ème siècle, ce petit village si paisible dans sa vallée verdoyante a connu les plus grands peintres de l’époque, Paul Gauguin leur montrant la voix et la lumière si particulière des lieux.

Un dicton breton surnomme la ville ainsi : « Pont-Aven, une ville de renom, 14 moulin, 15 maisons ». En effet, de part et d’autre du pont principal, une dizaine de moulins, dont certains en équilibre sur la roche, ponctuent le fil de l’eau dérangée par les chaos de granit venus contrarier la paix du site. L’eau se faufile alors entre les énormes blocs de pierre, arrondis par l’érosion, la pluie, les vents et, surtout, le fort courant de l’Aven. Le bruit et la fureur ont engendré les plus belles légendes bretonnes comme les plus grandes inspirations picturales.

Pont-Aven : Paul Gauguin et autres artistes

C’est en 1866 que le jeune peintre américain Robert Wylie, étudiant à l’Ecole des Beaux-Arts de Paris, décide de visiter Pont Aven et d’y passer un moment. C’est l’un des premiers exemples de peintres se rendant en Bretagne après l’arrivée du chemin de fer à Quimper en 1862. Finalement, il s’installe à Pont Aven, et apprend même à parler breton tout en portant des vêtements bretons traditionnels.

Robert Wylie est mort en 1877 à Pont-Aven après avoir peint de nombreux tableaux avec des scènes traditionnelles et des scènes de l’histoire de la Bretagne. De son côté, Paul Gauguin arrive à Pont Aven en 1886 et y revient plusieurs fois les années suivantes. Comme pour Robert Wylie, le faible coût de la vie a été l’une des principales raisons pour lesquelles Gauguin a fini par venir à Pont-Aven. Il avait 38 ans et était pauvre. Mais le fait que c’était bon marché n’explique pas à lui seul les presque quarante mois que Gauguin passa à Pont-Aven, entre tous ses voyages, jusqu’en 1894. La lumière, la beauté du paysage et la liberté de peindre ce qui n’est pas vu étaient les raisons qui ont fait de Gauguin un amoureux de l’endroit. A tel point qu’il fonde ici ce qu’on appelle « l’école de Pont-Aven », dont les membres ont suivi ses traces vers le post-impressionnisme.

Ses peintures de traditions bretonnes ont servi d’inspiration à d’autres artistes qui ont visité Pont Aven dans les décennies suivantes au cours desquelles les peintres impressionnistes et réalistes ont coexisté … bien qu’ils ne se rapportent pas les uns aux autres.

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Selon Gauguin lui-même : « J’aime la Bretagne, ici je trouve le sauvage et le primitif, quand les sabots touchent la pierre j’entends le son que je recherche dans ma peinture.

Au fur et à mesure que des marins français arrivaient sur les navires et restaient une saison dans le village, les habitants de Pont Aven, qui au départ ne savaient que parler breton, apprenaient le français. Ceci, ainsi que les hôtels qui ont été mis en place pour abriter ces marins, ont fait de Pont Aven un lieu de séjour idéal pour les artistes.

Une rivière, un pont et une histoire

Ne cherchez pas d’explications bien compliquées pour le nom de Pont-Aven. La petite ville est presque à l’embouchure de la rivière Aven (à environ 6 km de la mer) et elle s’est développée autour d’un pont qui enjambait la rivière à cet endroit. Aujourd’hui, il y en a plus d’un, mais tous sont plus beaux. Oui, cela peut paraître « ringard », mais tout à Pont-Aven semble avoir été créé pour invoquer cet adjectif : beau. Il n’y a rien d’excessif, rien de dissonant, Pont-Aven est jolie, très jolie.

La rivière, en plus d’être sa principale source de communication avec le monde, était aussi son moteur économique et celui qui déterminait son paysage « urbain ». Pont-Aven ne comptait pas moins de quatorze moulins alors qu’elle n’avait que quinze maisons. Des moulins à eau, évidemment. Ne faites pas d’effort pour les localiser non plus, il n’en reste qu’un seul encore debout. Les années et la révolution industrielle ne passent pas en vain.

Un tel endroit devait être nécessairement découvert. C’était la Bretagne la plus authentique, qui commençait à s’ouvrir sur le monde : son port attirait des visiteurs qui séjournaient dans ses auberges, qui mangeaient dans ses restaurants et qui obligeaient ses habitants à apprendre le français (car ils ne parlaient que le breton). Mais c’est l’arrivée du train à Quimper, en 1862, qui amènera à Pont-Aven des intellectuels et des artistes. Ils connaissaient la Bretagne du port de Brest, des guerres ou d’écrivains comme Chateaubriand, et maintenant, enfin, ils pouvaient y venir.

Pont-Aven : la Bretagne la plus picturale

Si le nom de Pont-Aven a toujours été associé à Gauguin, ce n’est pas lui qui a découvert ses paysages picturaux. Vingt ans avant son arrivée dans la petite ville, en 1866, c’est un Américain, Robert Wylie, qui fonda la colonie d’artistes de Pont-Aven. Bien que Wylie n’ait pas été le véritable « découvreur » des merveilles de la ville : il a suivi les conseils de son ami Henry Bacon qui lui avait rendu visite deux ans plus tôt. Comment l’a-t-il convaincu sans photo ? Il ne lui a pas dit quoi voir à ici, il lui a simplement dit ce qui aurait convaincu n’importe quel artiste : que la lumière était merveilleuse et que la vie était bon marché.

Un hôtel, l’hôtel des voyageurs (plus tard Hôtel Julia, d’après Julia Guillou, sa propriétaire) et une pension, Gloanec, sont les deux lieux de séjour des peintres selon leur pouvoir d’achat. La popularité de Pont-Aven auprès des artistes explique les extensions des deux. La salle à manger de l’Hôtel Julia avait une capacité de 250 personnes !

Le nombre de peintres venus à Pont-Aven au fil des ans est tel qu’en plus de la colonie d’artistes, une école de peinture est créée, l’école de Pont-Aven. A l’arrivée de Gauguin à Pont-Aven en 1886, plus d’une centaine de peintres étaient déjà passés.

Visiter Pont Aven : que faire et que voir ?

Jusqu’à il y a 50 ans il y avait des commerces « normaux » à Pont-Aven, alors qu’aujourd’hui pratiquement tout est tourné vers le tourisme et le monde de l’art : il y a presque plus de galeries d’art qu’autre chose. Il y a encore des peintres qui habitent le village, mais il y en a aussi beaucoup qui profitent de la renommée artistique du lieu pour essayer de vendre.

Ne vous laissez pas « effrayer » par les boutiques et galeries et flânez dans les rues de Pont-Aven, traversez ses ponts et passerelles et profitez de la lumière, qui est toujours aussi merveilleuse. Voici ce que vous découvrirez si vous venez visiter Pont Aven :

1. La place Paul Gauguin et la pension Gloanec

Un visiteur illustre comme Gauguin ne pouvait manquer d’être reconnu à Pont-Aven. La place où se situe le premier endroit où il a séjourné dans le village, la pension Gloanec (qui a été restaurée et est aujourd’hui une librairie) porte son nom.

Ce lieu, avec la place Julia (juste à côté, où se trouvait autrefois l’hôtel Julia, aujourd’hui musée de Pont-Aven) est un coin charmant de la ville… Même si l’architecture de la fin du 19ème siècle ne peut pas rivaliser avec la beauté naturelle de la rivière.

2. La rivière Aven

L’Aven reste, avec la lumière, le joyau de Pont-Aven. Les ponts, leurs charpentes, le bruit des eaux… sont capables de vous faire oublier tout ce qui est autour et de vous convaincre qu’à tout instant, vous retrouverez Gauguin avec son chevalet peignant une de ses œuvres.

Un coin très photogénique se situe à l’entrée du restaurant du Moulin de Rosmadec. Un saule se couche en essayant de faire toucher ses branches aux eaux de l’Aven entouré de fleurs (il y en a quasiment toute l’année, différentes selon la saison).

3. Le Bois d’Amour

Si vous venez visiter Pont Aven, vous ne devez pas manquer de faire une promenade le long de la rivière entre les arbres. L’amour, ce qu’on appelle l’amour… plus marketing qu’autre chose. Mais cela ne veut pas dire qu’il s’agisse d’une manière de marcher sur les traces des peintres de l’école de Pont-Aven. C’est ici que vous verrez une reproduction du tableau Le Talisman de Paul Sérusier, afin que vous puissiez localiser le paysage qu’il a peint et que l’on voit encore dans le Bois d’Amour. C’est presque le manifeste de l’art nouveau, une école de peintres post-impressionnistes, celle des Nabis (littéralement prophètes en hébreu). L’original se trouve au musée d’Orsay à Paris.

4. La chapelle de Trémalo

Une chapelle en pierre du 16ème siècle à l’orée du Bois d’Amour : le toit à deux versants soutenu par des poutres en bois, les sculptures et peintures sur les poutres elles-mêmes, les figures religieuses, ses trois autels… Mais, encore une fois Gauguin est celui qui a fait de la chapelle de Trémalo un incontournable de Pont-Aven. A l’intérieur de la chapelle se trouve une sculpture en bois polychrome d’un Christ crucifié qui a inspiré le célèbre tableau « Le Christ jaune » de Paul Gauguin.

Ne manquez pas de bien observer les poutres en bois, avec les monstres aux dents acérées sculptées… ils impressionnent bien plus que le Christ. Cela seul vaut la peine de venir ici.

5. Le musée des beaux-arts de Pont-Aven

L’école de Pont-Aven est mondialement reconnu : même si les plus grand chef-d’œuvre sont au musée d’Orsay, à Paris, le musée de la ville rend hommage aux aventuriers de l’art.

Il y a beaucoup d’œuvres de peintres de l’école de Pont-Aven, mais il n’y en a pas de Gauguin, du moins de façon permanente (le musée d’Orsay en prête de temps en temps).

Pour en savoir plus sur les choses à voir au musée et les informations pratiques, je vous invite à visiter le site officiel.

6. Les galettes de Pont-Aven

On ne peut pas visiter Pont-Aven sans goûter ses fameuses galettes. Ne pensez pas aux galettes du reste de la Bretagne, les crêpes salées au sarrasin, celles de Pont-Aven sont des biscuits, ceux du petit déjeuner, les croquantes. Et elles sont célèbres dans toute la France.

Vous pouvez entrer dans la biscuiterie Traou Mad (les bonnes choses en breton), la biscuiterie Isidore Penven ou la biscuiterie de Pont-Aven, les trois enseignes qui produisent les galettes de Pont Aven. C’est la boulangère de Pont-Aven qui inventa la recette à la fin du 19ème siècle. Elle n’utilisait que le jaune d’œuf, puis a créé une variante de galette dans laquelle elle a utilisé l’œuf entier. Ces biscuits au beurre salé valurent à Pont-Aven la distinction de « Site Remarquable du Goût« . Vous devez donc absolument les goûter !

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Où dormir à Pont-Aven ?

L’Hôtel Julia n’existe plus en tant que tel et la pension Gloanec, bien que toujours au même endroit, n’est pas non plus un endroit pour dormir. Alors, que diriez-vous de dormir au milieu d’une forêt à côté de Pont-Aven ? C’est ce que nous avons fait, dormir dans une chambre dans les bois, une sorte de cabane avec une fenêtre gigantesque et tout le confort : vous dites à quelle heure vous voulez le petit-déjeuner et ils le déposent devant votre porte le matin, génial non ?

Il s’agit de Le Carri’air et, bien que depuis votre cabane il semble que vous soyez loin du monde, il y a plusieurs cabanes disséminées dans la propriété, et même un jacuzzi ! Aux abords de Pont-Aven, mais on peut aller en ville à pied… le retour est en montée, il faut en tenir compte au moment de décider de laisser la voiture. Retrouvez ici les tarifs et disponibilités de Le Carri’air et ici ceux de tous les hôtels et logements de Pont-Aven.

Des centaines d’artistes, une école picturale, de beaux paysages, de délicieuses galettes… Visiter Pont-Aven est un must en Bretagne !

Votre visite de Pont Aven peut être complétée par une balade en bateau le long de l’estuaire de l’Aven, d’une durée d’une heure et quart et des départs toujours en fonction des marées, au cours de laquelle vous pourrez profiter de ses magnifiques paysages côtiers.

D’autres photos prises à Pont-Aven

Voici d’autres photographies de cette belle ville de Cornouailles, qui ne manqueront pas de vous inciter à visiter Pont Aven lors d’un voyage en Bretagne.

L’école de Pont-Aven

La Bretagne connu au 19ème siècle un large succès auprès des artistes. Ils furent très sensibles au charme de Pont-Aven, petit village à flanc de colline, traversé par l’Aven dont l’eau capricieuse jaillit sur les rochers de granit, s’engouffre dans les roues des moulins, et achève sa course dans le bras de mer rythmé par les marées et animé par le petit port.

À l’affût de thèmes nouveaux, ils découvraient une nature aux infinies variations colorées, et la douceur d’un climat propice au travail sur le motif. L’accueil dans les auberges étaient chaleureux et bon marché. Jullia Guilloux et Jeanne Gloanec, qui ouvrirent les premières pensions, donnèrent l’exemple en acceptant volontiers le crédit. Hanté par le rêve d’ailleurs, exaspéré par la ville, Paul Gauguin recherchait l’isolement, le sauvage et le primitif.

Le besoin de fuir Paris et son manque d’argent le menèrent en 1886 à Pont-Aven où, installé à l’auberge Gloanec, il resta isolé, hostile à toute amitié. Gauguin y revient en 1888. Sa seconde rencontre avec le peintre Émile Bernard fut cette fois capitale. La confrontation de ces deux êtres à la recherche d’un même idéal artistique fut un élément catalyseur; en naquit une conception plastique révolutionnaire : le synthétisme pictural. Bientôt, un groupe de peintre : Sérusier, Moret, Filiger, Slewinski, Maufra, etc, se joignirent aux peintres et expérimentèrent les théories élaborées par Gauguin et Bernard : ce que les historiens de l’art dénommèrent « l’école de Pont-Aven », sans que jamais ce groupe ne fut régenté comme peut l’être une école avec un maître et des élèves. Avant de s’embarquer définitivement pour Tahiti en 1895, où il décéda en 1903, Gauguin revint à Pont-Aven en 1889 puis en 1894.

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