Bien que située à 12 kilomètres de la mer, La Roche-Derrien jouit des bienfaits de la marée qui vient, chaque jour, gonfler les eaux du Jaudy (Yeodi en breton). En effet, La Roche-Derrien est située au fond de l’estuaire du Jaudy, au carrefour, deux fois par jour, de l’eau douce et de l’eau de mer. Cela se caractérise à l’origine par une éminence située au-dessus de ce point de contact, qui justifia plus tard le passage à gué, le pont, puis le château médiéval. Cette charmante ville des Côtes d’Armor fait partie des Petites Cités de Caractère de Bretagne, une bonne raison de visiter La Roche-Derrien.
Autrefois fief des comtes Derrien, La Roche n’a plus aujourd’hui que des vestiges de son passé : les ruines de son château, fondé en 1070 par la famille Derrien, la chapelle des 17ème et 18ème siècles, proche des ruines et l’église gothique (13ème et 14ème siècle), dédiée à Ste Catherine. On notera son beau clocher du 14ème siècle et, à l’intérieur, son retable de la Renaissance et son maître-autel sculpté. Si vous visitez La Roche-Derrien, vous verrez aussi de vieilles maisons et le médaillon de Narcisse Quellien, poète et journaliste né dans cette ville (1848-1902). Sans ses « Chansons et danses de Bretagne » (1889), bien des textes anciens auraient été définitivement perdus.
Les habitants de La Roche-Derrien (Ar Roc’h-Derrien ou Ker Roc’h en breton) s’appellent Rochois en français, et Roc’hiz en breton.
Vous pouvez vous garer sur le parking au centre du village, d’où tous les lieux d’intérêt sont rapidement et facilement accessibles à pied. En saison il sera peut-être plein, dans ce cas allez vous garer sur le parking à côté de la mairie qui fait également office de tourisme, idéal pour récupérer quelques informations avant votre visite de La Roche-Derrien. Voici les incontournables à voir :
La ville haute : celle des bourgeois
La place principale, appelée place du Martray, est cernée de beaux bâtiments, la plupart sont en granit mais plusieurs sont des maisons à pans de bois construites entre le 15ème et le 17ème siècle. Vous êtes ici dans la « Ville Haute » de La Roche-Derrien. Autour de la place, il y a aussi quelques boutiques et cafés, mais les commerces ici sont toutefois assez limités. La rue qui mène de la place à l’église possède également plusieurs jolies maisons à pans de bois.
L’église Sainte-Catherine est une bâtisse en granit assez attrayante avec des vitraux colorés. L’église d’origine a été construite ici au 13ème siècle, mais la plupart des bâtiments que vous voyez aujourd’hui sont beaucoup plus récents, vous verrez donc un mélange de styles roman et gothique. À l’intérieur, ne manquez pas son retable de la Renaissance.
A une courte distance de la place du Martray, se trouve la motte féodale avec la petite chapelle du Calvaire et son point de vue. Elle a été construite en 1867 sur le site de l’ancien donjon du château et constitue le point culminant du village. Lors de la construction de la chapelle au 19ème siècle, ils ont découvert divers passages et artefacts du château.
Lorsque vous venez visiter La Roche-Derrien de nos jours, vous ne pouvez voir aucune trace de l’ancien château, qui était apparemment une forteresse imposante construite en bois au 11ème siècle puis remplacé par un château en pierre au 12ème siècle qui faisait également partie d’un mur fortifié qui entourait et protégeait le village. De petits fragments des remparts sont visibles sur la falaise en-dessous de la chapelle et ailleurs dans le village.
C’est le comte Derrien qui fait construite vers 1070 un premier donjon en bois entouré d’une palissade, sur ce promontoire rocheux qui domine le fleuve Jaudy. C’est le lieu idéal pour surveiller la rivière et défendre ce passage ! Ce donjon protégé, ancêtre du château fort, est appelé motte féodale. Dans la seconde moitié du 12ème siècle, un donjon en pierre est construit à la place du donjon en bois avec basse-court fortifiée et fossés.
Derrière la chapelle du Calvaire, vous aurez de très belles vues sur le Jaudy et la campagne qui entoure la commune de La Roche Derrien.
La basse ville : celle des chiffonniers
Après avoir exploré la ville haute de La Roche-Derrien, descendez jusqu’à la rivière pour traverser le vieux pont de pierre (un site très photogénique) et marcher le long du Jaudy sur votre gauche, afin d’avoir une vue différente sur le village. C’est une promenade agréable.
Ici vous êtes dans la « Basse Ville », aussi appelée ville du « bas-du-pont », celle des chiffonniers qui parcourent la campagne afin d’échanger des fruits et poteries contre des chiffons.
Revenez sur vos pas et allez explorer l’autre côté, vous verrez l’emplacement de l’ancien port : c’est ici que s’arrêtaient les voiliers pour charger et décharger les marchandises. De l’autre côté de la rive, vous pourrez voir une ancienne maison d’un négociant de vin.
Ici, il faut imaginer les passages incessants des porteurs chargés de transporter ces marchandises des quais jusqu’à la ville haute ! Au 19ème siècle, ces habitants de la basse ville développent un langage bien à eux et parlé nulle part ailleurs : le Tunodo.
Un peu d’histoire
A l’époque gallo-romaine, La Roche-Derrien faisait partie du territoire du Pommeratum du Jaudy (aujourd’hui Pommerit-Jaudy), là où passe la rivière du Jaudy sur la voie gallo-romaine de Guingamp à Plougrescant au nord, Lannion à l’ouest et Carhaix au sud.
La Roche-Derrien doit son nom au comte Derrien, fils du comte de Penthièvre, fils bâtard d’Éon de Penthièvre et neveu du duc régnant, Alain III de Bretagne, qui y fit construire un château fort vers 1080 sur un site dominant la vallée du Jaudy.
La bataille de La Roche-Derrien oppose des Bretons du parti de Jean de Montfort, frère du défunt duc Jean III de Bretagne, appuyés par les troupes anglaises, aux troupes françaises et bretonnes conduites par Charles de Blois le 18 juin 1347 pendant la Guerre de Succession.
Charles de Blois assiège le château de la Roche-Derrien. Croyant à la victoire, ses troupes relâchent leur vigilance. Richard Tousteham, capitaine de la place, demande des renforts à Thomas Dagworth, qui dans la nuit du 17 juin surprend les Bretons de Charles de Blois. La garnison du château se précipite et participe au siège qui entraîne la défaite de Charles. Blessé, il est fait prisonnier avec Beaumanoir, Lohéac, etc. Parmi les morts figurent : Quintin, Rohan, Châteaubriand, etc. Charles n’échappa à l’exécution que grâce à l’intervention de Tanguy du Chastel, dont il fit pourtant assassiner les fils sous les murs de Brest.
En janvier 2019, la commune a fusionné avec Hengoat, Pommerit-Jaudy et Pouldouran pour former la nouvelle commune de La Roche-Jaudy (création enregistrée par un arrêté préfectoral du 29 octobre 2018.