Situé entre le centre-ville du Cap et les contreforts de Signal Hill, Bo-Kaap doit son nom à l’expression afrikaans qui signifie « au-dessus du cap ». Aujourd’hui, il est connu comme l’un des endroits les plus instagrammables du pays, grâce à ses maisons aux couleurs pastel et ses rues pavées pittoresques. Cependant, Bo-Kaap a bien plus à offrir que sa beauté. C’est également l’une des zones résidentielles les plus anciennes et les plus historiques du Cap. Surtout, il est synonyme de la culture islamique Malais du Cap dont on peut trouver des preuves dans toute la région, de ses restaurants halal au son obsédant de l’appel à la prière du muezzin. Voici un guide pratique pour visiter Bo-Kaap !
Les débuts de l’histoire de Bo-Kaap
Le quartier de Bo-Kaap a été développé pour la première fois dans les années 1760 par le colonialiste néerlandais Jan de Waal, qui a construit une série de petites maisons de location pour héberger les esclaves Malais du Cap. Le peuple Malais du Cap est originaire des Indes orientales néerlandaises (y compris la Malaisie, Singapour et l’Indonésie) et a été exilé par les Néerlandais au Cap comme esclaves vers la fin du 17ème siècle. Certains d’entre eux étaient des condamnés ou des esclaves dans leur pays d’origine; mais d’autres étaient des prisonniers politiques issus de milieux riches et influents. Presque tous pratiquaient l’islam.
Selon la légende, les conditions de location des maisons du quartier stipulaient que leurs murs devaient rester blancs. Lorsque l’esclavage a été aboli en 1834 et que les esclaves Malais du Cap ont pu acheter leurs maisons, beaucoup d’entre eux ont choisi de les peindre dans des couleurs vives pour exprimer leur liberté enfin retrouvée. Bo-Kaap (qui s’appelait à l’origine Waalendorp) est devenu connu comme le quartier malais et les traditions islamiques sont devenues une partie intrinsèque du patrimoine du quartier. C’était aussi un centre culturel florissant, car de nombreux esclaves étaient en fait des artisans qualifiés.
À ce jour, les maisons sont un mélange d’architecture hollandaise du Cap et géorgienne, dans des rangées multicolores distinctives sur des routes fortement pavées. De nombreuses familles de Bo-Kaap y vivent depuis des générations. Aujourd’hui, la communauté de Bo-Kaap est une partie importante du patrimoine culturel du Cap.
Le quartier pendant l’apartheid
À l’époque de l’apartheid, Bo-Kaap était soumis au Group Areas Act de 1950, qui permettait au gouvernement de séparer la population en déclarant des quartiers séparés pour chaque race ou religion. Bo-Kaap a été désignée comme une zone réservée aux musulmans et les personnes d’autres religions ou ethnies ont été expulsées de force. En fait, Bo-Kaap était la seule zone du Cap dans laquelle les Malais du Cap étaient autorisés à vivre. Elle était unique en ce qu’elle était l’un des rares emplacements du centre-ville à être réservés aux non-blancs: la plupart des autres ethnies ont été transférées dans des township tels que Khayelitsha à la périphérie de la ville.
Choses à faire et à voir
Il y a beaucoup à voir et à faire à Bo-Kaap. Les rues sont célèbres pour leur palette de couleurs accrocheuses et pour leur architecture du Cap-Néerlandais et du Cap géorgien. Le plus ancien bâtiment de Bo-Kaap a été construit par Jan de Waal en 1768 et abrite désormais le musée Bo-Kaap : un point de départ évident pour tout nouveau visiteur du quartier. Meublé comme la maison d’une riche famille malaise du Cap du 19ème siècle, le musée offre un aperçu de la vie des premiers colons Malais du Cap; et une idée de l’influence de leurs traditions islamiques sur l’art et la culture du Cap.
Le patrimoine musulman de la région est aussi représenté par ses nombreuses mosquées. Dirigez-vous vers Dorp Street pour visiter la mosquée Auwal, qui date de 1794 (avant que la liberté religieuse ne soit accordée en Afrique du Sud). C’est la plus ancienne mosquée du pays et elle abrite une copie manuscrite du Coran créée par Tuan Guru, le premier imam de la mosquée. Tuan Guru a écrit le livre de mémoire à l’époque où il était prisonnier politique à Robben Island. Sa tombe (et les sanctuaires de deux autres imams importants du Cap) se trouvent dans le cimetière Tana Baru de Bo-Kaap, qui a été le premier terrain désigné comme cimetière musulman après l’octroi de la liberté religieuse en 1804.
Cuisine Cap Malaise
Après avoir visité les sites historiques du quartier, assurez-vous de déguster sa célèbre cuisine Cap Malaise : un mélange unique de styles du Moyen-Orient, de l’Asie du Sud-Est et des Pays-Bas. La cuisine Cap Malaise utilise beaucoup de fruits et d’épices, et comprend des currys parfumés, des rootis et des samoosas, qui peuvent tous être achetés dans plusieurs étals et restaurants de Bo-Kaap. Deux des lieux de restauration les plus authentiques sont Bo-Kaap Kombuis et Biesmiellah, qui servent tous deux des aliments de base comme le denningvleis et le bobotie (le plat national non officiel d’Afrique du Sud). Pour le dessert, essayez un koeksister : un beignet tressé épicé cuit au sirop et saupoudré de noix de coco.
Si vous souhaitez recréer chez vous les recettes que de Bo-Kaap, faites le plein d’ingrédients dans la plus grande épicerie du quartier, Atlas Trading Company. Sachez que les restaurants traditionnels de Bo-Kaap comme ceux énumérés ci-dessus sont halal et strictement sans alcool. Arrosez votre repas avec l’une des boissons sans alcool emblématiques de l’Afrique du Sud, puis dirigez-vous ensuite vers un bar dans une autre partie de la ville pour déguster les célèbres vins du Cap.
Comment visiter Bo-Kaap ?
Contrairement à certaines des régions les plus pauvres du Cap, Bo-Kaap peut être visité indépendamment en toute sécurité. Le quartier se trouve à cinq minutes à pied du centre-ville et à 10 minutes en voiture du V&A Waterfront (la principale zone touristique de la ville). Le moyen le plus simple de se retrouver au cœur de Bo-Kaap est de marcher le long de la rue Wale jusqu’au musée Bo-Kaap. Après avoir exploré les expositions fascinantes du musée, passez une heure ou deux à vous perdre dans les rues secondaires pittoresques qui entourent l’artère principale. Avant votre exploration du quartier, envisagez d’acheter cette visite audio à pied (en anglais) de Shereen Habib, un local de Bo-Kaap. Vous pouvez la télécharger sur votre smartphone pour seulement 3,99 $ et l’utiliser pour localiser et découvrir les principales attractions de la région.
Ceux qui recherchent l’expertise d’un guide réel devraient participer à l’une des nombreuses visites à pied de Bo-Kaap. Free Walking Tours Cape Town propose une visite à pied gratuite très populaire (pensez tout de même à donner un pourboire au guide, ce n’est pas obligatoire mais ça fait toujours plaisir). La visite part deux fois par jour de Motherland Coffee Company et explore les points forts de Bo-Kaap, notamment la mosquée Auwal, Biesmiellah et Atlas Trading Company. Certaines visites pédestres, comme celle proposée par Cape Fusion Tours, comprennent un cours de cuisine organisé par des femmes de la région, chez elles. C’est un excellent moyen de vous essayer à la cuisine Cap Malaise, et également d’avoir un aperçu des coulisses de la vie islamique moderne au Cap.
Bo-Kaap n’est pas un terrain de jeu pour Instagram
Oui, la rue est merveilleusement colorée et un véritable terrain de jeu pour la photo… mais si les façades sont devenues un énorme attrait pour les voyageurs ces dernières années, rappelez-vous que c’est toujours un quartier vivant avec un passé complexe et une riche culture musulmane. Ce n’est pas seulement une toile de fond pour votre prochain post Instagram ! Ce sont les maisons et les moyens de subsistance des gens, alors gardez cela en tête lorsque vous explorez le quartier. Soyez respectueux et non intrusif, ne sautez pas sur les barrières, les marches ou les meubles d’extérieur et essayez de ne pas déranger les gens qui essaient de vivre leur vie dans leur propre quartier.
Conseils pratiques et informations
Le musée Bo-Kaap est ouvert de 9h00 à 16h00 du lundi au samedi, à l’exception de certains jours fériés. Attendez-vous à payer un droit d’entrée de 20 rands pour les adultes et un droit d’entrée de 10 rands pour les enfants âgés de 6 à 17 ans. Les enfants de moins de cinq ans ne payent pas. Le cimetière de Tana Baru est ouvert de 9h00 à 18h00. Si vous souhaitez séjourner dans la région de Bo-Kaap, je vous recommande le Rouge on Rose Boutique Hotel. Situé à quelques minutes à pied du musée Bo-Kaap, il est classé parmi les meilleurs hôtels de la ville et offre une vue spectaculaire sur Lion’s Head (un pic rocheux surplombant la ville du Cap), un service impeccable et des petits-déjeuners préparés à la commande.
Si vous décidez d’explorer Bo-Kaap de manière indépendante, gardez à l’esprit que ce quartier (comme la plupart des quartiers de la ville) est très sûr pendant la journée. Mais si vous prévoyez d’y être après la tombée de la nuit, ne marchez pas seul dans les rues : réservez plutôt un taxi ou partez en groupe. Les dames doivent s’habiller de façon conservatrice à Bo-Kaap, conformément à la coutume musulmane. En particulier, couvrez-vous la poitrine, les jambes et les épaules si vous prévoyez d’entrer dans l’une des mosquées de la région (un foulard dans votre sac est une bonne idée pour recouvrir vos épaules).