La petite commune d’Aléria se trouve à 70 km au sud de Bastia, sur la route N198, au centre de la Plaine Orientale, également appelée la Plaine d’Aléria. Cette côte est ponctuée par plusieurs étangs reliés (mais pas toujours) à la mer Tyrrhénienne, vestige d’un ancien système de lagons derrière des plages. Cela vaut la peine de s’arrêter visiter Aléria à l’embouchure du Tavignano. La vieille ville offre un condensé parfait de l’histoire de l’île et de la colonisation grecque !
Au Fort de Matra, la forteresse construite par les Génois (dans l’ancien village d’Aléria qui se trouve à environ 2 km du centre-ville), il y a un intéressant musée archéologique avec de nombreuses découvertes en céramique des époques grecque et romaine. En plus du musée Jérôme Carcopino (c’est son nom), il est possible d’accéder à une vaste zone de fouilles qui fait référence au long règne des Romains qui sont partis d’Aléria au 3ème siècle avant notre ère conquérir toute l’île.
À l’origine Aléria s’appelait Alalia, fondée en tant que colonie par les Phocéens en 565 avant notre ère. Après de longs siècles d’histoires riches en rebondissements (en savoir plus sur cette page) la commune d’Aléria est finalement créée en 1824 avec des terres prises à Moïta, Pianello et Zuani. Son territoire sera modifié plus tard. Aléria est donc une ville riche en histoire et n’est pas nommée capitale de la Corse romaine pour rien. Prenez un moment pour visiter Aléria et remonter le temps.
Site antique (site de fouilles archéologiques)
La meilleure chose à faire lors d’une visite à Aléria est le site antique ainsi que le musée situé dans un ancien fort à côté. Pour venir sur le site à partir du centre ville, partez vers le sud en direction de Porto-Vecchio et Bonifacio, peu après la sortie de la ville vous apercevrez l’ancien village sur une colline à droite. Tournez lorsque vous verrez le panneau marron indiquant « ALÉRIA SITE ANTIQUE ».
Un peu plus loin, vous arriverez sur un parking où garer votre véhicule et vous devrez ensuite partir à pied vers l’ancien village d’Aléria (5-10 minutes de marche). Traversez la rue centrale du village et vous apercevrez le fort de Matra où se trouve le musée. Entrez pour acheter un billet d’entrée (seulement 2€/ personne : visite du musée et du site de fouilles compris) puis ressortez.
Prenez un instant pour savourer cette petite place charmante avec l’église Saint-Marcel !
Suivez ensuite le petit panneau à côté du fort indiquant « Site Antique », vous allez suivre un sentier de terre qui mène jusqu’au site de fouilles (5 minutes à peine de marche).
D’ici aussi vous aurez une belle vue sur la ville d’Aléria ainsi que le Tavignano !
Et vous y êtes ! Pour ma part, je m’attendais à ce qu’il soit plus étendu. Mais c’est probablement parce qu’il reste encore à creuser et à découvrir. Jusqu’à présent, les fouilles ont permis de mettre à jour qu’une partie de l’ancienne ville romaine, notamment les bases d’un forum, des allées à portique, des boutiques, des Arcs monumentaux, des temples, des bassins et des citernes, le Balneum (une demeure imposante qui comportait plusieurs pièces bâties autour de trois grandes citernes approvisionnées directement depuis la toiture) et des thermes.
Cependant, c’est assez pour imaginer la vie ici quand Aleria était l’un des centres les plus importants et stratégiques de la Méditerranée, avec un port, une flotte et une garnison militaire pour contrôler le trafic dans la mer Tyrrhénienne. Et qui sait combien d’histoires peuvent encore être racontées sur cet endroit, qui semble émaner d’une énergie particulière, alimentée par son passé millénaire.
Une promenade à travers les ruines d’Aléria est très agréable et permet de mieux comprendre l’histoire de cette île. Ce site historique constitue un pôle archéologique majeur, où quarante ans de fouilles ont livré le cœur de deux villes, une cité archaïque et une colonie romaine.
D’ici, vous avez également une belle vue sur la vallée et le village d’Aléria !
En revenant du site de fouilles, vous pourrez vous arrêter sur la terrasse ombragée du snack bar Le Palazzu, juste à côté du fort, pour prendre une boisson fraiche ou déguster une glace : il fait chaud en été sur le site et il y a peu d’ombre. Mais certains arbres fournissent une ombre bienvenue !
Le Fort de Matra et le musée Jérôme-Carcopino
Après le site de fouilles, allez maintenant visiter le musée (il faudra ressortir votre billet pour entrer) dans le fort de Matra (classé monument historique depuis 1962). Son édification remonte à la période Génoise, au 6ème siècle. Un escadron de cavalerie y était affecté pour surveiller les environs.
Son importance militaire était dû à sa position stratégique, au sommet d’une colline surplombant la plaine. Au cours des siècles, le fort est devenu un dépôt d’armes pour les Génois ; c’est pour cela qu’il a été partiellement détruit en 1729, par les Corses qui s’étaient rebellés.
Le fort a été reconstruit et c’est ensuite la puissante famille Matra qui en a pris le contrôle. En 1963, le fort a été le lieu de dépôt de fouilles archéologiques pour les recherches menées sur le site de l’ancienne cité antique d’Aléria. Après acquisition du fort par le département de la Haute-Corse, en 1979, les objets trouvés sont devenus la base de la collection du musée.
En effet, à partir de cette date, son histoire est liée à celle des fouilles de la cité antique : après avoir pris en 1969 le nom d’un grand historien de la Rome antique, Jérôme Carcopino, il devient en 1978 le musée départemental d’archéologie Jérôme-Carcopino.
Pour mieux comprendre la signification et la valeur des découvertes étrusques, grecques et romaines exposées dans le musée, cela vaut la peine de le visiter après avoir vu les fouilles dont elles sont issues. Si vous êtes passionné d’archéologie, vous ne devez pas manquer ce musée, et c’est aussi une visite éducative pour les enfants. L’exposition renferme la beauté de 8 000 ans d’histoire, avec des vases décorés, des tasses, des assiettes, des amphores, des armes, des bijoux et des statues.
Dans les douze salles du musée, il est possible de se faire une idée de la vie à l’époque romaine. Les plats et les vases remontent à l’époque où la ville était dans le domaine de Rome et constituait également un point stratégique dans la mer Tyrrhénienne. La visite est un must !
Que faire d’autre à Aléria ?
Une visite à Aléria est essentiellement basée sur la découverte du site antique et du musée mais il y a d’autres choses à faire à Aléria : randonnées, baignade et découvertes :
Agriculture et vignobles d’Aléria
Contrairement à l’autre côte de l’île, les montagnes ne tombent pas directement dans l’eau. Le terrain est plat entre les montagnes et la mer, ce qui est idéal pour l’agriculture (pêche, clémentine mais aussi raisin). Si vous venez visiter Aléria, vous y verrez des magnifiques champs de vignes avec les montagnes en arrière plan. Si vous êtes un amateur de bon vin, de nombreux domaines présents ici proposent des visites du domaine, des dégustations et de la vente directe sur les lieux.
Plage de Padulone
Au centre d’Aléria, tournez à droite sur la T50 juste après le pont si vous arrivez du sud (au niveau de la station Vito) ou tournez à gauche juste avant le pont si vous venez du nord : il y a un panneau indiquant « la mer ». Au bout de cette route (environ 3 kilomètres), vous arriverez sur un parking en bordure de la plage de Padulone. C’est facile à trouver et c’est une plage idéale pour se baigner.
Cette plage s’étend du sud de l’étang de Diane au nord de l’étang del Salé. C’est une longue plage de sable (mais pas très large) qui est divisée en deux zones par les deux restaurants au niveau du parking. La partie à gauche des restos est plus sauvage et s’étend jusqu’à la plage de Mare e Stagnu près d’une forêt et de maquis. La partie à droite des restos est plus fréquentée (et plus belle) !
Club nautique d’Aléria
Sur cette même route qui mène à la plage de Padulone, au niveau du pont, vous trouverez le club nautique d’Aléria qui propose du paddle, du kayak, du canoë et de l’aviron !
Étang de Diane
Si vous aimez les moules, ce coin est célèbre pour l’étang de Diane qui était à l’origine un port stratégique pour la région. Maintenant, il est reconnu pour ses coquillages car c’est un gros centre de pêche et d’aquaculture. Ses produits les plus célèbres sont les moules. Vous pouvez même trouver des endroits pour les goûter au bord de l’eau, il y a plusieurs restaurants qui sont indiqués.
Plage de Mare é Stagnu
Pour aller à la plage de Mare é Stagnu il faut prendre la même route que la plage de Padulone. Mais avant d’arriver au parking de Padulone, il y a une route au milieu des vignobles qui part sur la gauche (avec un panneau noir indiquant « Réserve du Président, la boutique ».
Prenez cette route et continuez à gauche des bâtiments de la Réserve du Président. Vous allez voir un premier parking de terre un peu plus loin devant vous : c’est le point de départ de plusieurs sentiers de randonnées allant de 1km à 8km. Le plus long de ces sentiers est une boucle qui longe l’étang de Diane et longe ensuite la plage de Mare é Stagnu pour revenir ensuite au point de départ.
Pour accéder à la plage de Mare é Stagnu, continuez encore votre route vers la mer. La route bitumée devient une route de terre, mais pas d’inquiétude elle est praticable en voiture. Sur la photo ci-dessous, on voit cette route de terre d’environ 3 km qui longe la plage de Mare é Stagnu : il y a de nombreux endroits le long de cette route où vous pouvez vous garer (vous verrez certainement d’autres véhicules un peu partout) et accéder à des petits sentiers qui vous mèneront à la plage.
Cette plage se trouve dans la continuité de la plage de Padulone (en allant vers le nord). Elle s’étend jusqu’à l’embouchure de l’étang de Diane. Avec les arbres et le maquis, l’environnement ici est sauvage, avec l’assurance de trouver un espace plus tranquille que sur la plage de Padulone.
Tour de Diane et embouchure de l’étang de Diane
S’il ne fallait choisir qu’un seul endroit à faire en plus du site antique et du musée, c’est sans aucune hésitation que je vous invite à aller jusqu’à la tour de Diane. Pour y arriver, c’est par la route de terre de la plage de Mare é Stagnu, la même que précédemment, mais ne vous arrêtez pas sur le bord de la route et continuez votre chemin jusqu’à voir la tour de Diane et arriver à un parking.
Ici, vous êtes à l’extrémité de la plage de Mare é Stagnu et vous ne pourrez pas aller plus loin (vous serez bloqué par l’embouchure de l’étang de Diane) : vous pourrez admirer la tour de Diane qui surplombe la plage et vous aurez un beau panorama sur l’étang de Diane (et plus spécialement son embouche), la mer, la plage de Tallone (en face sur l’autre rive) et sur la plage de Mare é Stagnu.
La Tour de Diane est une tour génoise construite au 16ème sous la direction d’un notable de Bastia, Mariano de Murato. Elle faisait partie d’une série de défenses côtières construites par la République de Gênes entre 1530 et 1620 pour endiguer les attaques des pirates Barbaresques. Un inventaire des tours côtières réalisé par les autorités génoises en 1617 indique que le Tour de Diane était gardé par deux soldats du Fort d’Aléria (Fort Matra), mais vers 1670, la tour était abandonnée et en ruine.
Ce lieu est vraiment magique et est idéal pour terminer votre visite d’Aléria avec des vues splendides et une baignade (ou un peu de farniente) sur la plage…