Le Château de Tonquédec est l’un des monuments les plus visités des Côtes d’Armor, en Bretagne. Ses ruines et le somptueux paysage naturel qui les entoure constituent l’un des paysages français les plus admirables de la France médiévale. Il a été construit au 13ème siècle et largement reconstruit quelques siècles plus tard. Onze tours couronnent l’édifice, et dominent les vues sur la vallée du Léguer. Le château se situe entre la commune de Tonquédec, qui lui donne son nom, et la ville de Ploubezre, et à seulement 7 km de Lannion.
Les ruines grandiose de la forteresse des vicomtes de Coëtmen occupe un éperon rocheux enserré entre la profonde vallée du Léguer et un ravin où coule un petit ruisseau, dans un site boisé de toute beauté.
Une histoire passionnante
Le bâtiment d’origine était à la charge de la famille Coëtmen-Penthièvre, mais l’histoire a voulu que les événements ne se soient pas déroulés en faveur de l’ancien château. En raison d’un conflit avec le duc de Bretagne, Jean IV, la demeure est démantelée en 1395, parce que Rolland de Coëtmen avait pris part à la rébellion d’Olivier de Clisson.
Jean V en autorisa la reconstruction dès 1399.
Peu de temps après, en 1406, les travaux de reconstruction ont commencé. C’est le vicomte Rolland de Coëtmen, successeur des anciens propriétaires du château, qui s’est chargé de lui redonner sa splendeur d’origine et d’y ajouter les deux donjons.
Cependant, depuis lors, le bâtiment a commencé à changer fréquemment de propriétaires et, après être passé entre plusieurs mains, il a été transformé en base d’artillerie en 1577.
Au début du 17ème siècle, les propriétaires du château de Tonquédec étaient contre le règne d’Henri IV, et abritaient certains de ses ennemis. Après une prise de la forteresse par escalade via la haute tour d’Acigné, Richelieu ordonne son démantèlement en 1626.
Le château en ruine est ensuite vendu à la famille du Quengo. En 1789, il appartient donc à René-André du Quengo, comte de Tonquédec, mais après de nombreux déboires il est obligé par ses créanciers de le mettre en vente. Le château est acheté par Antoine-Denis Périn qui le revend en 1828 à « Dame Magdeleine Coulomb », veuve de René-André du Quengo de Tonquédec. À sa mort en 1878, Victorine de Souspiron en hérite et le vend en 1879 à un marchand de biens, dont l’intention semble être de vendre les pierres une à une.
Les amis du lieu s’en inquiètent et c’est le marquis de Keroüartz qui le rachète au marchand de biens et l’offre à sa fille, la comtesse Pierre de Rougé, ancêtre des propriétaires actuels.
À partir de 1950, la famille de Rougé entreprend le sauvetage du lieu et après plus de 50 ans de travaux, un premier cri de victoire est lancé. De nos jours, grâce à cette persévérance, les courtines, les murailles, le cellier voûté et les onze tours de la forteresse sont hors d’eau. La tour d’Acigné a regagné ses étages et la tour de Rougé est visible de bas en haut.
Une architecture féodale unique en Bretagne
La forteresse édifiée par Rolland de Coëtmen avait la forme d’un trapèze et était flanquée aux angles de trois tours semi-circulaires et d’une tour ronde. L’entrée, munie de ponts-levis, s’ouvrait au milieu de la grande base du trapèze, entre deux tourelles en fer à cheval.
Le donjon se trouvait à l’extérieur de l’enceinte, isolé derrière la courtine formant la petite base du trapèze est séparé d’elle par un fossé. On accédait à cette puissante tour cylindrique de 23 mètres de haut, uniquement par une passerelle mobile venant reposer sur une pile de maçonnerie d’une hauteur de 5 mètres qui existe toujours. L’enceinte a été renforcée par Jean de Coëtmen vers 1475. Il a fait protéger l’entrée par une enceinte enfermant une avant-cour, que flanquent trois petites tours semi-circulaires. Hélas, Richelieu a fait démanteler, en 1622, cet ouvrage qui était un des plus beaux spécimens de l’architecture féodale en Bretagne. Les tours et les courtines perdent leurs couronnements et les logis sont rasés.
D’où vient le nom de Tonquédec ?
Le nom de la forteresse (Tonkadoc en 1231) et de la commune n’a pas manqué de susciter des hypothèses : nom d’homme ou nom de lieu ? La seconde est plus probable : Tonkedeg, « lieu du destin » en breton (de « tonkad », destin, et du suffixe qualificatif « eg » qui existe dans beaucoup de noms de lieux dans l’Ouest sous les formes « ec », « euc », « ac » ou « é »).
Pourquoi ce nom ? Sans doute parce que le ravin encaissé, reliant naturellement le plateau cultivé à la profonde vallée du Léguer, a dû être pendant des siècles le site d’embuscades meurtrières entre les paysans celtes armoricains et les envahisseurs scandinaves ou normands : venus par la mer, ils remontaient les rivières pour piller. Leur razzia accomplie, ces pirates vikings repartaient par la rivière, véritable « fil d’Ariane » qui les ramenait, sans se perdre, à leurs bateaux, laissés aux limites de la marée, dans le fond des estuaires.
De ce point de passage venait la mort pour les habitants sédentaires et l’on risquait sa vie à s’y aventurer. C’est la raison même de la construction d’une forteresse sur ce site. Beaucoup de châteaux forts de la Bretagne du Nord étaient situés ainsi en « veilleurs solitaires ».
Informations pratiques
De nos jours, le château de Tonquédec est la propriété des descendants des Coëtmen-Penthièvre, et ils autorisent les visites du château entre les mois d’avril et d’octobre. Il a été placé sur la liste des monuments historiques de Prosper Mérimée en 1862 (mais il a tout de même fallu attendre jusqu’en 1913 pour qu’il soit protégé des pillages et destructions).
Horaires de visite du château de Tonquédec :
- Avril, Mai, Juin et septembre : ouvert tous les jours de 14h à 18h.
- Juillet et Août : ouvert tous les jours de 10h à 19h.
- Octobre : ouvert les week-ends de 14h à 17h30.
- Vacances de la Toussaint : ouvert tous les jours de 14h à 17h30.
- Visites Guidées : toute l’année sur réservation (à partir de 10 personnes).
Des animations et des reconstitutions médiévales sont aussi organisées (réunissant des passionnés de toutes générations) à plusieurs périodes de l’année (mai, juillet et août), vérifiez sur le site officiel avant votre venue. Le tarif 1 € plus cher lors de ces manifestations.
Autres informations pratiques :
- Tarif entrée individuelle : 6€
- Tarif enfant (4-12 ans) : 3€
- Tarif groupe (+ de 10 personnes) : 5€
- Carte d’invalidité : gratuit
- Email : chateaudetonquedec@gmail.com / contact@tonquedec.com
- Tel : 02 96 54 60 70 / 06 18 15 34 99
En savoir plus sur le château
L’architecture du château de Tonquédec est très originale : une cour fortifiée flanquée de tours et de canonnières, un corps de garde avec des tours jumelles, une puissante tour d’artillerie, deux forteresses à pont-levis isolées et un fossé avec bastions.
Le portail d’entrée s’ouvre sur une cour extérieure fortifiée, appelée barbacane ou cour-basse. Deux tours, accolées à une courtine, encadrent l’entrée de la cour intérieure, à laquelle on accède par un portail (le châtelet d’entrée), c’est l’entrée même de l’ancien château. Une fois à l’intérieur, la tour d’Acigné (un des deux donjons) est, pour les amateurs de panoramique, la grande protagoniste des lieux avec ses 22,5 mètres de hauteur. De sa partie supérieure, on aperçoit les vallées et le plateau, aux terres boisées fertiles, c’est magnifique !
La forteresse en ruine a beaucoup d’atmosphère, c’est une visite ou votre imagination (et celle de vos enfants sans nul doute) va bouillonner, et vous pourrez facilement comprendre à quel point elle devait être imprenable et impressionnante à son apogée.
Les deux donjons (tour d’Acigné et tour de Rougé) sont accessibles et leurs plates-formes peuvent être atteintes afin de profiter des vues sur la nature environnante. Les murs de l’enceinte ne sont pas accessibles (mis à part pour les deux chèvres du domaine).
Bien que j’ai vraiment adoré faire cette visite du château de Tonquedec, je dois aborder quelques problèmes qui peuvent être intéressants à connaitre avant votre venue :
- Il est tout à fait écologique d’utiliser des chèvres pour défricher les sous-bois à l’intérieur du périmètre du château (et personnellement j’adore l’idée). Cependant, il faut savoir qu’il y a des excréments un peu partout dans la cour supérieure.
- Les cages d’escalier ne sont pas éclairés, on se retrouve parfois dans l’obscurité.
- Certains escaliers n’ont pas de corde ou de garde-corps, ont des marches usées et irrégulières, elles peuvent être glissantes et ne sont donc pas accessibles à tous.
Les ruines de la forteresse de Tonquédec sont en cours de restauration et des améliorations vont voir le jour petit à petit. Il reste encore beaucoup à faire pour développer l’accueil des personnes à mobilité réduite et pour redonner au cadre naturel du château de Tonquédec toute sa splendeur d’antan mais c’est en bonne voie et vos entrées y contribuent !
Avant ou après votre visite du château de Tonquédec, ne manquez pas de faire le tour complet de l’enceinte à l’extérieur et levez les yeux : on peut encore voir des gargouilles.
Vous pouvez également faire de jolies randonnées dans les environs ou aller faire une petite visite de la commune voisine du même nom avec ses maisons en pierre de granit (avec des touches de granit rose pour certaines) typiques de Bretagne et sa très belle église.
La visite du château de Tonquédec (comptez entre 1 et 2 heures pour tout voir dans la forteresse) est un passage dans un autre temps, ne manquez pas de venir l’explorer, que ce soit en couple ou en famille.