Le site historique de Foce se trouve sur la commune du même nom, Foce, en Corse-du-Sud. Connu depuis toujours comme une construction faite de main d’homme par les paisani d’Arghjusta, le site a été identifié par Roger Grosjean en 1955. Je ne dirais pas que ce site vaut un détour, mais si vous êtes dans le coin il est facile à atteindre de la route (15 minutes de marche) et cela reste un monument impressionnant de par sa taille. Il me rappelle un peu les tumulus que l’on trouve en Bretagne. Donc si vous êtes de passage dans les parages, ne manquez pas de venir le découvrir !
Comment venir au site historique de Foce ?
Le site historique de Foce est plutôt bien indiqué et dès que vous vous en approcherez vous verrez des panneaux vous donnant la direction du site torréen. Lorsque vous verrez le menhir (en photographie ci-dessous) vous êtes arrivé. Il y a un grand parking de terre en face du menhir, de l’autre côté de la route, il est donc très facile de s’y garer.
Partez ensuite à pied sur le chemin partant sur la gauche derrière le menhir et suivez ce sentier jusqu’au bout. Une fois à la vieille bergerie (photographie ci-dessous), au bout du premier sentier, prenez sur votre gauche et marchez 5-10 minutes à travers les vieux chênes lièges et vous arriverez à ce monument torréen vieux de 3500 ans !
La torra de Foce
La torra de Foce, avec ses 16 mètres de diamètre et ses 50 mètres de circonférence, est l’une des plus imposantes constructions turriformes de l’âge du bronze de la Corse. Son état de conservation est extrêmement remarquable, avec une élévation au niveau de la pièce centrale de près de 3 mètres de hauteur. Le plan et l’architecture présentent un schéma classique qui illustre parfaitement ce type de monument, vieux de 3 500 ans.
Au bronze ancien, 2000 ans avant notre ère, dans le sud de l’île, sont érigées les premières torri, monuments circulaires. Leur apogée se situe au bronze moyen. Bâties près des chemins, maillant le territoire, elles semblent émaner de communautés agropastorales structurées.Elles sont délaissées au bronze final et partiellement réutilisées. On en recense une quarantaine actuellement sur l’île.
De nombreuses hypothèses sur les fonctions des torri ont donné lieu à débat. Grenier à blé fortifié ? Lieu de pouvoir ou de crémation ou de pratiques funéraires ? Résidence du chef ? Le mystère demeure. Cependant, leur situation en bordure de ces axes anciens, sur les collines, font sans doute de ces monuments des lieux de pouvoir et de représentation liés à une communauté assez soudée et structurée pour pouvoir mener à bien des constructions de cette ampleur. Mettre à l’abri les réserves de la communauté dans un lieu emblématique n’exclut pas la sacralité qu’ont pu avoir ces torri.
La torra de Foce est une des plus grandes de l’île avec un diamètre de 16m. Elle possède à l’entrée un couloir qui comporte, à gauche, un diverticule (sorte d’alcôve) et, à droite, une rampe qui permettait d’accéder à l’étage supérieur. Une voûte à coupole, faite de petites pierres, fermait sans doute l’édifice dont l’allure générale devait être tronconique. En revanche, les diverticules sont eux couverts de grandes dalles de granit. Durant l’Antiquité ou au Haut Moyen Âge, le monument a été réutilisé et plusieurs sépultures ont été aménagées. Des ossements furent découverts lors de la fouille.
Plusieurs légendes évoquant les Sarrasins, de fabuleux trésors, de mystérieux souterrains, étaient encore racontées au 20ème siècle. Cette torra tenait une grande place dans l’imaginaire local et les villageois y venaient le lundi de Pâques pour le traditionnel pique-nique, commémorant, peut-être à leur insu, des sacralités oubliées !