Le musée de la Compagnie des Indes est un musée d’art et d’histoire qui raconte les faits et gestes de cette mythique compagnie d’explorateurs et de mercenaires. Pour ceux qui envisagent de faire une halte en Bretagne, dans le département du Morbihan, ce musée, situé dans la citadelle de Port-Louis, est une visite incontournable. La Compagnie des Indes était une société financée directement par l’État et détenait le monopole du commerce en Afrique, en Amérique et surtout en Asie. La ville de Lorient, en Bretagne, a été choisie comme siège et port principal d’où partaient les navires.
Cependant, l’actuel musée de la Compagnie des Indes n’est pas sur son territoire communal, mais à Port-Louis (de l’autre côté de la rade), une ville côtière de la communauté d’agglomération de Lorient. Ce territoire est marqué par une vocation maritime historique, à travers la pêche, le commerce et le transport maritime, la défense et la construction navale. Le musée national de la Marine est situé dans le même espace que celui de la Compagnie des Indes : la Citadelle de Port-Louis.
Informations pratiques
Vous pouvez visiter la citadelle de Port-Louis et ses deux musées. Voici les infos pratiques :
- Horaires d’ouverture de mai à août : tous les jours de 10h à 18h30.
- Horaires d’ouverture en septembre : tous les jours (sauf le mardi) de 10h à 18h.
- Horaires d’ouverture d’octobre à avril : tous les jours (sauf le mardi) de 13h30 à 18h.
- Tarif : 8€ (audio-guide et entrée des musées inclus)
- Site officiel : www.musee-marine.fr.
Considérations personnelles sur le musée
Pour les passionnés de voyages, d’histoire et de géographie, ce musée à Port-Louis est un vrai régal. Les cartes originales avec reproductions des frontières de l’époque sont époustouflantes. Pouvoir imaginer les longues traversées océaniques et lire l’histoire des navires coulés ou disparus avec leurs précieux chargements libère l’imagination de tout voyageur passionné.
Vous pouvez visiter le musée de la Compagnie des Indes en une heure si vous le souhaitez mais je vous recommande d’y rester au moins deux fois plus longtemps pour profiter sereinement de toutes les petites œuvres qu’il abrite mais également visiter l’autre musée et explorer toute la citadelle.
La citadelle de Port-Louis
Le musée de la Compagnie des Indes est installé dans les bâtiments intérieurs de la citadelle de Port-Louis. Dressée sur une pointe rocheuse à l’entrée du port de Lorient, en position résolument dominante, la citadelle de Port-Louis est un édifice imposant marqué par les événements de l’histoire bretonne des 16ème et 17ème siècles. La citadelle de Port-Louis a été construite en 1591 par les Espagnols venus en aide au gouverneur de Bretagne, le duc de Mercoeur.
Mais on suppose qu’il y a peut-être eu des fortifications antérieures ici dû à son emplacement stratégiquement, ce qui ne peut plus être prouvé aujourd’hui en raison du développement dynamique des siècles passés. C’est une imposante forteresse avec des remparts qui lui donnent la forme d’une étoile. Le bâtiment que nous voyons aujourd’hui n’a en fait que très peu de points communs avec la première construction, qui a été partiellement détruite puis reconstruite.
Elle a acquit son aspect actuel vers 1640. Le complexe se compose d’une grande citadelle avec six bastions et deux ouvrages avancés, dont l’extérieur (Bastion et Poterne Saint-Nicolas) appartient aux fortifications urbaines de Port Louis. L’ouvrage extérieur s’étend comme une île devant la forteresse et est relié au continent par un petit pont et à la forteresse par un grand pont. Il se dresse comme un rempart devant la porte du fort et empêche une attaque directe sur le bâtiment de la porte. Ce bâtiment de la porte est connu sous le nom de donjon depuis le 16ème siècle. A son apogée, il abritait le poste de garde et une petite prison. Les trous pour les chaînes de l’ancien pont-levis sont visibles.
L’intérieur de la citadelle
A l’intérieur, la citadelle se compose de plusieurs bâtiments qui ont été systématiquement agencés. Derrière la guérite se trouve une rangée de bâtiments dont la Maison du Gouverneur et la Chapelle Saint Louis. En 1836, la chapelle servit de prison au prince Louis Napoléon Bonaparte, qui devait être expédié d’ici en Amérique en novembre de la même année. Juste derrière se trouve un anneau de construction qui contient l’ancienne caserne. La cour de caserne au milieu est utilisée pour accéder aux bâtiments individuels, qui abritent des expositions sur différents thèmes maritimes. Il y a deux grandes citernes d’eau sous la place depuis 1675, qui ne sont pas ouvertes au public. Derrière la caserne, au nord-ouest, se trouve l’ancien arsenal, aujourd’hui musée de la Marine.
L’arsenal se compose de deux bâtiments et de nombreux magasins dans les remparts derrière. Le bâtiment central de l’arsenal a été construit comme poudrière et doté de son propre mur d’enceinte. Des boulets de canon étaient stockés sur la place à côté. Les armes et autres armements étaient situés dans le rempart au nord de l’arsenal sous le petit bastion.
Les bâtiments sont entourés d’un haut rempart (à visiter) et de six bastions. Le large mur a un circuit qui donne la possibilité d’explorer la côte de Port Louis et d’entrer dans les bastions individuels. La visite offre de nombreuses vues sur les bâtiments de la forteresse, les bastions, la ceinture extérieure, la mer et le port de Lorient. Des canons indiquent l’ancienne utilisation militaire.
Routes commerciales de l’Europe à l’Asie
Depuis l’Antiquité, les continents européen et asiatique ont été unis dans un mouvement de personnes et de marchandises. Ces routes commerciales se sont développées par terre (Marco Polo vous dit quelque chose ?) et par mer, et sont connues en Europe sous le nom de quatre produits qui fascinent depuis longtemps le monde occidental : la route de la soie, la route des épices, la route de la Porcelaine et la route de l’Encens.
Alors que les caravanes de chameaux parcouraient des milliers de kilomètres à travers les déserts d’Asie et d’Arabie, les navires de la Compagnie des Indes naviguaient dans l’océan Indien via la mer Rouge. En plus des quatre principaux produits, ils ont également transporté du jade et des laques de Chine, des tissus et des pierres précieuses d’Inde, des perles de Ceylan et du café d’Arabie vers l’Europe. Mais l’aller d’ouest en est servait aussi à transporter des marchandises, notamment des fourrures et des armes d’Europe, mais aussi de l’ivoire, des peaux et surtout des esclaves d’Afrique.
Les routes commerciales de la Compagnie des Indes ont permis un échange culturel et artistique intense, comme en témoigne le beau musée de Port-Louis.
Naissance de la Compagnie des Indes
La Compagnie des Indes a été créée dans le but de bloquer le monopole arabe sur le commerce asiatique. La position géographique de l’Arabie était nettement plus avantageuse, mais les cheikhs devaient encore composer avec les grands navigateurs européens.
Les premiers à tenter de conquérir le commerce avec l’Orient sont les Portugais qui, grâce à l’audacieuse initiative de Vasco de Gama, se dépeuplaient depuis plus d’un siècle.
Ce n’est qu’au début de 1600 que d’autres pays européens ont créé les premières véritables Compagnies des Indes. D’abord les Hollandais, puis les Britanniques et enfin les Français.
Pour la Compagnie des Indes française, le lieu désigné comme chantier naval et port est la rade de Lorient, en Bretagne. Sa position est stratégique, à l’abri des vents forts de l’Atlantique et d’éventuelles attaques britanniques et hollandaises. L’un des premiers navires construits s’appelait Soleil d’Orient, qui finit également par donner son nom à la principale ville de la rade : Lorient.
De Lorient aux portes de l’Asie et retour, les voyages duraient de 14 mois à deux ans (dont les deux tiers du temps passé en mer) selon la durée des escales et les routes empruntées. La navigation transocéanique obéit à un programme rigoureux, rythmé par les vents asiatiques : les voiliers doivent impérativement respecter la loi des vents dominants.
Au départ d’Europe, le départ se faisait entre mi-octobre et mi-mars selon les destinations, pour profiter de la mousson du sud-ouest. Le retour d’Asie se faisait grâce à la mousson continentale qui souffle du nord de décembre à mars. Une fois passé le cap de Bonne-Espérance, les Compagnies pouvaient emprunter trois routes pour gagner les Indes. Les Français suivaient la route intermédiaire, qui permettait de faire escale aux Mascareignes (aujourd’hui Réunion et Maurice) pour permettre à l’équipage de faire le plein et éventuellement de réparer le navire.
Le Musée de la Compagnie des Indes
Le musée de la Compagnie des Indes de Lorient, situé dans la citadelle de Port-Louis, retrace les exploits du commerce avec les pays de l’Est via une vaste collection de marchandises. Il a été fondé dans les années soixante et se compose initialement d’une trentaine d’œuvres. Mais la collection s’est rapidement étoffée, surtout à partir des années 1980, lorsque le musée a été transféré à la citadelle et rejoint ensuite par le musée national de la Marine.
Les principaux thèmes traités dans le musée sont au nombre de cinq :
- Histoire des compagnies qui reçurent du roi le privilège de commercer avec les pays d’Afrique, d’Asie et des Caraïbes ;
- Développement du port et de la ville de Lorient, activités portuaires ;
- Navigation et vie à bord ;
- Activités de la station commerciale ;
- Marchandises importées.
Il est donc possible de retracer toute l’histoire de la naissance des Compagnies des Indes à travers des documents historiques et des peintures. Et diverses maquettes des navires présentes sur place permettent d’imaginer la vie à bord lors de longs voyages.
Mais la partie la plus fascinante de ce musée est certainement celle des marchandises importées. La part la plus prépondérante est celle constituée de céramiques, plus précisément de porcelaines chinoises exportées à partir du 18ème siècle. Les collections dont les domaines sont très variés se caractérisent également par une forte présence d’objets extra-européens. Ils représentent plus de la moitié des œuvres. Il y a également des objets du monde maritime.
Le musée de la Compagnie des Indes, unique en France, fait revivre aux visiteurs l’extraordinaire histoire des grandes compagnies marchandes des 17ème et 18ème siècles et leur épopée maritime.