Au cœur du Morbihan, à Lanester, se trouve un lieu unique qui séduit les amateurs d’histoire maritime et les amoureux de la nature. Il s’agit du cimetière de bateaux de Kerhervy, où reposent plus d’une dizaine de navires échoués sur les rives du Blavet. Cet endroit intrigant offre un spectacle saisissant, témoignant de l’importance qu’a longtemps eu le secteur de la pêche dans cette région.
L’origine du cimetière de bateaux de Kerhervy
Thoniers, vieux gréements, chalutiers… les premiers bateaux déposés dans ce méandre du Blavet en 1923 sont les dundees de l’île de Groix (des bateaux pour la pêche au thon). L’île de Groix, au large de Lorient, était le premier port thonier français à cette époque. Après la construction de la base des sous-marins de Lorient en 1943, les Allemands ont donné l’ordre à l’armement Le Calloc’h, basé à Groix, de transférer ses épaves, que l’entreprise abandonnait à Larmor-Kernével, vers Kerhervy : les sous-marins qui entraient ou sortaient de la base devaient avoir le chemin libre d’encombrement.
Lors de la deuxième guerre mondiale, avant de partir à la bataille, des patrons pêcheurs ont abandonnés leurs bateaux dans cet endroit. D’autres bateaux hivernaient déjà sur cette vasière à l’époque. C’était une façon de les cacher et d’éviter que les allemands, qui avaient interdit les campagnes de pêche ou imposé des restrictions aux armateurs, ne les prennent. Après la guerre, quelques thoniers sont restés là, bombardés ou laissés par les marins morts au front.
C’est la naissance du cimetière de bateaux de Kerhervy. Nullement besoin d’avoir une autorisation de déposer les vieux bateaux à l’époque et c’est ainsi que de vieux gréements et d’anciens chalutiers ont été ajoutés près des épaves déjà envasées dans le Blavet. La vedette transrade ci-dessous, faisait la navette entre Lorient et Port-Louis : elle a rejoint le cimetière dans les années 80.
Un petit chalutier en bois, nommé L’Ouragan, est le dernier bateau à avoir été abandonné au cimetière de Kerhervy à Lanester en 2001. Le patron du bateau a profité d’un plan de sortie de flotte pour mettre son bateau à la casse. Il a été désarmé et remorqué jusqu’à Kerhervy. Ils n’ont pas réussi à percer la coque pour le faire couler et ont fait remplir les cales d’eau et le bateau s’est enfoncé… Depuis, il n’a pas bougé. Éric Le Goff, l’ancien patron du chalutier, jette un œil quand il va à Lorient : « Il est entouré d’épaves de bateaux que je connais. Ils reposent en paix. Ce n’est pas triste. »
Le cimetière de Lanester aujourd’hui
A présent, le cimetière de Kerhervy est devenu un lieu incontournable du patrimoine maritime breton. Les visiteurs peuvent y découvrir une dizaine de carcasses, allant du simple chalutier aux thoniers. La plupart de ces bateaux sont désormais recouverts de mousses et autres plantes sauvages, ce qui leur confère un aspect mystérieux et fascinant que l’on ne trouve nulle part ailleurs.
Outre son intérêt historique et culturel, le cimetière de bateaux de Kerhervy offre également un formidable terrain de jeu pour les photographes et les promeneurs. L’atmosphère sereine qui règne dans cette « nécropole » maritime invite à la contemplation, et il n’est pas rare que l’on croise des personnes venues se ressourcer au milieu de ces vestiges du passé.
De nos jours, les vieux bateaux sont démolis sur terre à l’aide d’engins mécanisés, et l’immersion des navires est formellement interdite au cimetière de Kerhervy… et partout ailleurs ! Vous pouvez voir les bateaux de Kerhervy tous les jours en accès libre, il y a un petit parking où se garer : vous pouvez ensuite vous promener et admirer le paysage de Kerhervy avec le pont du Bonhomme au loin. Un superbe site pour prendre de belles photographies (encore mieux au coucher de soleil) !
Comment le visiter et quand y aller ?
Situé sur la commune de Lanester, à quelques kilomètres au nord de Lorient, le cimetière de bateaux de Kerhervy est facilement accessible en voiture. La zone est bien indiquée, et un parking gratuit est généralement disponible à proximité du site. Une fois sur place, il suffit de suivre les chemins bordés d’arbres qui mènent à l’eau où attendent patiemment les anciens navires.
Bien que le cimetière de bateaux soit libre d’accès et donc ouvert toute l’année et tous les jours, certaines saisons sont plus propices à la visite des lieux que d’autres. Le printemps et l’automne offrent généralement une météo clémente et des couleurs chatoyantes, tandis que l’hiver confère au lieu une ambiance particulièrement romantique lorsque la brume envahit les rives du Blavet. En revanche, l’été peut s’avérer chaud et très agréable pour les promenades au bord de l’eau.
Le cimetière de bateaux de Kerhervy : symbole d’un patrimoine maritime en perpétuelle évolution
En fin de compte, le cimetière de bateaux de Kerhervy constitue une illustration parfaite de l’histoire maritime bretonne, avec ses hauts et ses bas, ses succès et ses échecs. Les navires qui reposent ici témoignent du courage des pêcheurs et des marins et de la fragilité de leur environnement et de leurs moyens de subsistance. De nos jours, alors que les pratiques de pêche se modernisent et que les bateaux en bois tendent à disparaître, le cimetière de Kerhervy apparaît comme un ultime vestige d’un passé révolu, mais dont l’héritage continue de vivre à travers les générations.
Merci pour ce récit qui me donne encore plus envie d’y aller très vite ?