Par temps clair, on distingue à peine une étroite bande de terre, la silhouette d’une église et d’un phare à l’horizon depuis la pointe du Raz : c’est l’île de Sein, au bout de la Bretagne. Visiter l’île de Sein se fait en une seule journée, c’est petit. Dans la « ville », certaines maisons sont distantes de moins d’un mètre. Pour un circuit complet, le compteur affiche environ 4,6 km. L’île de Sein est donc très prisée pour une excursion d’une journée (ou plus si vous aimez la nature loin du stress de la ville).
C’est la rencontre directe avec les éléments du vent et de l’eau qui rend la visite de l’île de Sein tellement attrayante. Le contact avec les forces de la nature est également immédiat sur les îles d’Ouessant et de Molène, mais l’île de Sein est la plus intransigeante des îles du nord-ouest breton. La traversée en bateau est un événement en soi, à l’aller comme au retour.
Au-delà des maisons blotties de la partie la plus peuplée, il n’y a que du sable, des rochers, et des murets pour protéger les petits vergers. Et, bien sûr, la mer, toujours la mer. Elle est présente à tout moment lorsque l’on vient sur l’île de Sein. On a l’impression de naviguer à bord du célèbre Nautilus et le capitaine Nemo nous laisse apercevoir la vue du pont de son sous-marin. On imagine alors que la corne à brume blanche, le phare de Men Brial aujourd’hui désaffecté, est un grand périscope.
La traversée en bateau : un évènement en soi
Les bateaux pour l’île de Sein partent d’Audierne (toute l’année), Camaret-sur-Mer (en saison) et Brest (en saison). Comptez 1h30 depuis Brest et 1h00 depuis Camaret. Le trajet le plus rapide et le plus attractif est le bateau pour l’île de Sein depuis Audierne (1h). De plus, depuis le port d’Audierne, l’itinéraire passe devant les roches et les falaises de la côte et de la pointe du Raz : avec des vues fantastiques par beau temps. Pour avoir plus d’informations (connaître les horaires et les tarifs des traversées par exemple), visitez le site de la compagnie Penn Ar Bed.
Avec un peu de chance, entrer dans le port de l’île de Sein est aussi un événement. En effet, lorsque la marée est haute et qu’il fait beau, l’eau autour de l’île devient turquoise, c’est magnifique. Et parfois les dauphins qui vivent dans les eaux autour de l’île apparaissent !
Les personnes qui vivent de telles conditions peuvent s’estimer vraiment chanceuses. Le temps sur l’île de Sein est majoritairement instable, c’est-à-dire caractérisé par des précipitations et du vent. Lors de la traversée, cela peut donc devenir un peu turbulent lorsqu’il y a des vagues. Prévoyez de quoi vous protéger de la pluie, le temps change vite ici et peut devenir pluvieux ou venteux, ou les deux : Jean-Baptiste Colbert, ministre de Louis XIV, exonéra les habitants de la taxe foncière, estimant que la nature de l’île les punissait déjà suffisamment.
Une traversée coûte 30 € pour les adultes (aller-retour), les enfants entre 4 et 16 ans paient 20 € et les chiens 7 €. Les voitures et les vélos ne sont pas autorisés sur l’île.
Que faire et que voir sur l’île de Sein ?
Une fois arrivé, une seule maxime simple s’applique : la mer doit toujours être à droite. Le chemin mène initialement vers le nord et passe devant tous les sites touristiques de l’île.
Les attractions touristiques de l’île de Sein sont des points repères et racontent en même temps l’histoire de l’île et de ses habitants. Deux menhirs en granite blanc, appelés Les Causeurs, témoignent de son peuplement depuis l’âge de pierre. Lorsqu’on les regarde de profil, on a l’impression de voir deux personnages de pierre qui bavardent tranquillement, d’où leurs noms « Les causeurs », on peut ainsi distinguer le petit causeur (2m30) et le grand causeur (2m80).
Plus tard, jusqu’à 1 300 personnes vivaient sur l’île (recensement de 1936), lors du dernier recensement de 2019, il y avait encore 260 insulaires enregistrés. Symboles de l’âge d’or, les églises plutôt sobres : église St Guénolé au centre et chapelle St Corentin à la pointe nord.
Le Monument des Forces Navales Françaises Libres (en photo ci-dessous) raconte un moment particulier de l’histoire des insulaires, qui ont toujours été fiers. En 1940, la majorité des « Sénans » (comme se nomment les insulaires de Sein) rejoint la Résistance contre les occupants allemands. Aujourd’hui, ce mémorial commémore leur courageux soulèvement collectif.
Les phares de l’île de Sein
Le lien étroit avec la mer et ses dangers pour la navigation est illustré par les deux phares : le Phare de Men Brial et le Grand Phare de l’île de Sein construit entre 1950 et 1951. Au fil des siècles, d’innombrables marins se sont noyés dans des accidents au large des côtes jusqu’à ce que les phares puissent fournir une orientation et prévenir de nombreuses catastrophes.
Le dicton breton « celui qui voit Sein voit sa fin » permet de se faire une idée de la turbulence des eaux qui entourent l’île. C’est pourquoi il a été décidé de baliser le périmètre de la pointe du Raz avec le mythique phare d’Ar Men (le rocher en breton) à six milles nautiques de Sein. « L’enfer des enfers » selon les gardiens de phare a mis 14 ans à être construit, après de nombreux déboires et de sérieuses difficultés : sur 100 heures de travail investies, seules 8 étaient utilisables. Pas étonnant qu’il fonctionne désormais de manière automatisée. Les derniers gardiens du phare sont partis en décembre 2015 et ce dernier a été classé Monument Historique.
Lors de votre visite à l’île de Sein, vous pouvez aussi réserver une excursion en semi-rigide pour aller au pied de ce phare mythique ! Plus d’informations sur cette page.
Vous pouvez visiter le Grand Phare de l’ile de Sein (Goulenez en breton), haut de 51 mètres, vous aurez un panorama incomparable une fois que vous aurez gravi les 249 marches.
- Tarifs : adultes 3 €, enfants 7-14 ans 1.50€, groupes (10 et +) 1.50 €.
- Ouverture : le Grand Phare est ouvert en juin, juillet, août et septembre. Vérifiez les horaires d’ouverture sur le site de la mairie avant de vous rendre sur place.
La marche pour explorer l’île
Pas de vélo, ni de voiture, signifie qu’il va falloir marcher pour découvrir l’île de Sein, mais c’est tout le plaisir ici de se promener au grand air ! Le vent est un compagnon constant lors d’une randonnée : les arbres ou les buissons n’offrent aucune protection, parfois il y a une mince haie le long du chemin. Les murets en pierres sont des vestiges de l’agriculture autrefois pratiquée : les fermières cultivaient de l’orge et des pommes de terre dans les champs, les murets les protégeaient du vent de l’Atlantique et de certaines inondations. Aujourd’hui, la lande plate et stérile est envahie par les broussailles. Si vous faites le tour complet de l’île, comptez environ 2h30 de marche pour plus ou moins 8 km.
Le kayak pour découvrir la côte
Vous pouvez également opter pour faire le tour de l’île en kayak en compagnie d’un guide qui vous fera découvrir toutes les richesses de l’île. Le centre nautique Ile de Sein Nautisme, créé en 2014 par Pierre Portais, propose différentes activités sur terre (comme le tir à l’arc et une visite guidée) et en mer (kayak, paddle, etc). Allez voir le site internet pour découvrir toutes les offres ! Avec un peu de chance, vous pourrez même rencontrer des dauphins ou des phoques gris !
Prendre son temps et savourer
Randonner au grand air donne faim. Si vous appréciez d’aller au restaurant, vous devez réserver à temps. Le nombre de tables dans les restaurants de l’île est limité, surtout en été. Sinon, apportez un pique-nique et trouvez une place à l’extérieur. Lors de notre visite de l’île de Sein, nous avons opté pour Le Tatoon, le meilleur de l’île selon Trip Advisor. Et la vérité est que, à part les toilettes, qui semblaient appartenir à une autre époque – sur une autre planète ? Tout a été parfait.
Nous avons passé notre temps restant à tremper nos pieds parmi les rochers derrière le Grand Phare : quand nous étions au sommet, nous avons constaté que c’était la zone la moins fréquentée. En fait, nous étions totalement seuls, comptant patelles et bigorneaux et dérangeant un peu les petites anémones locales, qui rétrécissaient leurs curieux tentacules dès qu’elles effleuraient nos doigts.
En fait, je pourrais facilement passer plusieurs jours de vacances sur l’île de Sein. Sans téléphone. Sans ordinateur. Sans internet. Déconnecté de tout et de tous. Ne rien faire. Ou oui, juste lire. Profiter de ce soleil de l’Atlantique qui est décidément très agréable (quand il est présent).
Si vous souhaitez passer plus de temps sur l’île, vous pouvez réserver une nuit ou deux afin de vivre sa magie nocturne. Il y a des chambres d’hôtes et « Gîtes » autour du port.
Au moment de regagner la terre ferme, en raison de la marée basse, nous avons changé d’embarcadère et avons dû nous rendre à l’anse de Men-Brial, où se trouve le phare du même nom, qui veille sur l’entrée du port depuis 1910. Soyez donc vigilant et demandez d’où vous repartirez