Visiter Huelgoat : une forêt enchantée en Bretagne
Visiter Huelgoat : une forêt enchantée en Bretagne

Visiter Huelgoat : une forêt enchantée en Bretagne

D’énormes blocs de granit arrondis qui semblent être tombés du ciel, parfois aux formes étranges, d’autres tenant un équilibre improbable. Des arbres centenaires qui les entourent et empêchent la lumière de les atteindre, aidant à les recouvrir de mousse. C’est la forêt de Huelgoat. D’un point de vue scientifique, les énormes rochers de la forêt de Huelgoat sont le résultat d’une activité volcanique et de millénaires d’érosion. Mais si vous venez visiter Huelgoat et vous imprégner de l’atmosphère, vous comprendrez pourquoi les premiers Bretons croyaient en une origine différente.

La ville de Huelgoat, quant à elle, est un agréable petit village au bord d’un lac tranquille. Tout à Huelgoat est basé sur la célèbre forêt et ses mythes et légendes. Les noms des restaurants et crêperies contiennent donc des noms évoquant des lutins, des fées ou des trolls.

L’adjectif « magique » est souvent utilisé pour décrire des lieux naturels d’une beauté singulière, mais, dans ce cas, cela lui va comme un gant. Après tout, le magicien par excellence serait passé par ici : le célèbre Merlin lui-même ! Sans oublier le géant Gargantua. Ce sont des légendes qui, bien sûr, ont aidé les hommes à expliquer l’inexplicable : les caprices de Mère Nature.

Les images de la forêt de Huelgoat vous inciteront à la parcourir, mais je sais aussi que son histoire et les légendes qui l’accompagnent finiront par vous convaincre.

C’est pourquoi je vous en parle et vous indique les itinéraires et les coins que vous ne pouvez pas manquer ici. Et, pour vous faciliter la tâche, je vous explique également comment vous y rendre et où manger une bonne crêpe après votre balade. Ainsi, l’expérience bretonne sera complète.

Des merveilles de la nature sauvées

Les arbres de la forêt de Huelgoat et ses grosses pierres de granit sont des merveilles de la nature que l’humanité était sur le point de détruire. Les arbres à cause de l’exploitation des mines d’argent et de plomb voisines (de la fin du 18ème au début du 19ème siècle) et les rochers à cause des tailleurs de pierre. Une partie des 555 hectares qui restent de la forêt d’origine ont été reboisés au milieu du 19ème siècle et, à la fin du même siècle, il y a eu des protestations contre le « vol » de roches, qui ont été protégées dès le début du 20ème siècle.

En traversant la forêt de Huelgoat, on découvre le chêne et le hêtre d’origine, avec les pins et les sapins plantés au 19ème siècle et les chênes rouges d’Amérique de la fin du 20ème siècle (une tempête aux allures d’ouragan ayant traversé la forêt le 16 octobre 1987).

Le nom ne pourrait pas être plus littéral. Il est composé des deux mots bretons « uhel » (haut) et « koat » transformé en « goat » (forêt). Huelgoat veut donc dire « le bois d’en haut ».

L’origine des grandes pierres granitiques

On remonte beaucoup plus loin dans le temps. Comment ces groupes de gigantesques pierres granitiques sont-ils arrivés jusqu’à la rivière d’Argent, la rivière Huelgoat ? Pourquoi ont-ils ces formes ? Et comment se fait-il qu’ils soient dans cet équilibre particulier ?

Ces amas d’énormes pierres de granit sont connus, dans le langage technique géologique, sous le nom de « chaos ». J’en ai déjà parlé dans mon article sur la Côte de Granit Rose.

Si vous êtes curieux de savoir comment ce « chaos de boules » est né, voici un bref résumé de quelques millénaires de travail de la nature. Le granit est une roche ignée, formée par le refroidissement du magma lorsqu’il remonte à la surface. C’est une roche dure qui a été laissée à l’air libre en raison de l’érosion du sol qui la recouvrait, plus molle. Les eaux de pluie et les courants fluviaux les ont façonnés. D’une part, pénétrant ses fissures, les brisant, et, d’autre part, érodant leur surface, les arrondissant. Ainsi, les boules de granit ont été façonnées et positionnées dans cet équilibre apparemment instable les unes sur les autres.

Les légendes de la forêt de Huelgoat

Les explications scientifiques sont bonnes… mais les légendes sont bien plus divertissantes lors d’une visite à Huelgoat. Il y a eu toutes sortes d’interprétations fantaisistes et même religieuses sur l’origine de ces amas de rochers géants. Serait-ce les morceaux du liquide bouillant avec lequel Dieu aurait créé le granit, jeté par le Créateur lui-même sur Huelgoat ? Ont-ils été transportés par l’eau lors du Déluge Universel ? Les habitants des communes de Berrien et de Plouyé les auraient-ils jetés lors de leurs disputes, sans atteindre leurs objectifs respectifs et rester à mi-chemin, à Huelgoat ?

Une légende locale est celle du géant Gargantua. Oui, celui des romans de Gargantúa et Pantagruel de l’écrivain François Rabelais. Gargantua, lors d’une de ses virées dans les Monts d’Arrée, s’est arrêté pour se reposer dans la forêt de Huelgoat. Affamé, il demande à manger aux habitants de Huelgoat, qui lui offrent la seule chose qu’ils ont : de la bouillie de sarrasin. Furieux de devoir se contenter d’un si mauvais repas, il promit de les punir. Arrivé sur la côte, il attrape de gros rochers polis par la mer et les jette vers les Monts d’Arrée, dans la rivière de la forêt. La zone qu’il libéra se transforma en terres agricoles fertiles, tandis que Huelgoat, avec son terrain rocailleux, s’appauvrit.

Il y a également des références au Roi Arthur, qui aurait caché ici le trésor découvert dans le Val sans Retour (dans la forêt de Brocéliande) grâce au Magicien Merlin. Ce magnifique trésor serait gardé par des démons sous la forme de gobelins volants.

Les lieux incontournables de Huelgoat

Alors, qu’y a-t-il à voir dans la forêt de Huelgoat ? La forêt elle-même et ces gros blocs de roches granitiques, ce qui n’est pas une mince affaire. Presque chaque coin est spectaculaire, bien qu’il existe des formations spécifiques plus connues que vous ne pouvez pas manquer.

Pour s’y rendre, il existe différents itinéraires, tous faciles. Ils partent du centre même de la ville, qui est littéralement attaché à la forêt. Bien qu’il y ait aussi des parkings sur la route et que vous puissiez vous y rendre. La première chose que vous devez faire est de vous rendre à l’office de tourisme de Huelgoat pour obtenir une carte de ces sentiers. Vous pouvez aussi la télécharger en pdf sur le site officiel, ici. De plus, dans la forêt, il y a des panneaux. Avec mon chéri, nous avons fait un mélange des différents itinéraires pour atteindre presque tous les coins. Cela nous a pris environ 3 heures.

1. Le Moulin du Chaos

Notre point de départ, dans la même ville et face au lac, était le Moulin du Chaos, un ancien et pittoresque moulin destiné à moudre le grain. C’est le plus ancien édifice de Huelgoat, datant de 1339, comme on peut le lire dans l’inscription sur le linteau de sa porte.

Sur votre droite, en longeant la rivière, tous les sentiers commencent.

2. La Grotte du Diable

Peu de temps après avoir commencé le sentier, on tombe sur le premier de ces coins « spéciaux » de la forêt de Huelgoat : la Grotte du Diable. Une chute de 20 mètres sous la rivière, au milieu du chaos de boules. Prenez une lampe de poche ou utilisez celle de votre mobile. Vous en aurez besoin. Et cherchez la pierre qui aurait la forme du visage du Diable…

La légende : pendant la Révolution française, un révolutionnaire traqué par les partisans du roi s’est caché dans cette grotte. Pour se réchauffer, il alluma un feu. Son ombre, entre le chapeau à deux plumes rouges qu’il portait et la fourche qu’il portait à la main pour se défendre, semblait aux poursuivants celle du Diable lui-même, avec ses cornes et son trident. Ils s’enfuirent terrifiés de ce qu’ils croyaient être la porte de l’Enfer.

3. Le Ménage de la Vierge

Un peu plus loin, et après avoir dépassé le Théâtre de Verdure, un théâtre à ciel ouvert au milieu de la forêt, on arrive au deuxième coin spécial. C’est une autre petite grotte créée par un tas de pierres appelée le Ménage de la Vierge. Pourquoi ? Car les petites pierres portées là par l’eau de la rivière rappellent (avec beaucoup d’imagination) les ustensiles d’une cuisine. Pourquoi « de la Vierge » est un mystère. Une spéciale dédicace à ceux qui reconnaissent le chaudron, la louche, la baratte, le soufflet, les marmites ou le lit de la Vierge.

4. La Roche Tremblante

On arrive ensuite à ce qui est probablement le plus célèbre des rochers de la forêt de Huelgoat : la Roche Tremblante, un rocher chancelant. Et pas seulement à cause de son poids et de sa taille : 137 tonnes de granit et 7 x 3 x 2,8 mètres. Mais parce que, comme son nom l’indique, il tremble. Il est dans un équilibre stable depuis le 18ème siècle. Bien sûr, le déplacer est une question d’habileté. Il faut pousser un peu et il faut savoir où et comment. Il faut se placer dans un coin et pousser avec le dos, mais c’est plus facile à dire qu’à faire !

5. Le Champignon

Une autre pierre de forme particulière est le champignon. Dans ce cas, pas besoin de beaucoup plus d’explications : il s’agit d’un énorme bloc de granit d’environ 200 tonnes en forme de champignon. Il se dit que c’est l’œuvre du Magicien Merlin.

6. Le Vieux Pont Rouge

Le Vieux Pont Rouge sur la Rivière d’Argent n’est pas rouge mais il semble être très ancien, ou du moins avoir une origine ancienne. Ce « rouge », plutôt que de se référer à la couleur, serait une transformation des « roudos » français, quelque chose comme un monticule, qui permettait de le traverser. Il en serait ainsi dès l’époque de la tribu gauloise des Osismes, avant l’arrivée des Romains. J’ai également entendu parler d’une légende d’amour non partagé et de meurtre qui aurait souillé l’eau de la rivière de rouge sang… mais là encore c’est une légende !

Ce coin est dépeint par le peintre post-impressionniste Paul Sérusier dans la forêt de Huelgoat (le tableau dans lequel la forêt apparaît est « Quatre bretonnes dans la forêt », de 1892). Sérusier fait partie de ceux associés au mouvement nabi, de l’école de Pont-Aven fondé par Gauguin. Non loin de là, vous découvrirez un autre rocher curieux, la « Chaise du Géant » et une plaque rappelant la fusillade des résistants français lors du retrait des nazis à la fin de la Seconde Guerre mondiale.

7. La Mare aux Sangliers

Dans le cas de la mare aux sangliers, le nom n’a rien de poétique. C’est simplement ici que les sangliers venaient s’abreuver à l’époque où ils étaient encore nombreux dans la forêt de Huelgoat. Maintenant, il est très difficile de les voir. Mais ça reste un bel étang entouré de verdure : encore un très beau coin. Près de la mare aux sangliers  se trouve l’un des nombreux menhirs que l’on peut trouver dans et autour de la forêt de Huelgoat.

8. La Grotte d’Artus

Ensuite vient la grotte du roi Arthur, où serait caché son trésor mythique… Non, personne ne l’a trouvé ! Puis le Camp d’Artus, le camp du roi Arthur. En fait, un oppidum celtique des Osismes, celui de la butte auquel se référait le nom originel du Vieux Pont Rouge.

9. Le Gouffre

De la route, un escalier descend jusqu’au gouffre. Là, la rivière tombe d’une hauteur d’une dizaine de mètres et se « perd » pour réapparaître environ 150 mètres plus tard. Si l’eau vous paraît rouge, pas d’inquiétude, ce n’est pas du sang : c’est à cause de la couleur des rochers.

La légende : la princesse Dahut, fille du roi Gradlon (roi légendaire du folklore breton) choisissait chaque soir un amant parmi les plus jeunes du village d’Ys, près de Douarnenez, où elle habitait. Aucun de ces jeunes n’a jamais vu la lumière du lendemain. Les serviteurs jaloux de Dahut les étranglaient et emportaient leurs corps loin, jusqu’au gouffre de Huelgoat. Lorsque la ville d’Ys fut engloutie par les eaux de la mer, la princesse se transforma en sirène. Elle arriva à Huelgoat par un long souterrain jusqu’au gouffre pour chanter et couvrir de sa voix les sanglots et les lamentations de ses amants décédés.

10. La Mare aux Fées

Pour clore sur une image bucolique, le dernier arrêt est la mare aux fées. Ici, les fées sont allées se réfugier, punies par Dieu de ne pas avoir voulu se faire baptiser lorsque les saints chrétiens sont arrivés en Bretagne. Sur ses rivages, les fées coiffaient leurs longs cheveux dorés le jour… même si la nuit elles se transformaient en vieilles sorcières édentées.

Comment se rendre dans la forêt de Huelgoat ?

La forêt de Huelgoat se trouve à Huelgoat, dans le département le plus à l’ouest de la Bretagne : le Finistère. Une demi-heure en voiture du chef-lieu de son arrondissement, Châteaulin, et encore une demi-heure de Morlaix, la plus grande ville des environs. Depuis la capitale de la Bretagne, Rennes, il faut compter deux heures de voiture.

Si vous souhaitez vous rendre à Huelgoat en transports en commun, il existe des bus depuis Morlaix, Loudéac, Rosporden, Châteaulin, Brest, Quimper et Lorient. Nous sommes arrivés en voiture et nous nous sommes garés sur la place du village, devant l’office de tourisme (c’est gratuit). Sinon, il y a aussi des parkings à proximité d’autres entrées de la forêt.

Restaurants et crêperies

Puisque vous venez visiter Huelgoat, en Bretagne, quoi de mieux que manger de bonnes galettes au sarrasin ? Il y a pas mal de crêperies en ville. Je vous recommande la crêperie Le Pont Neuf, juste en face du lac et tout près du moulin. Mais c’est souvent complet, pensez à réserver !

Une autre bonne option est la crêperie des Myrtilles, sur la place de la ville (celle avec l’office de tourisme). Ayant déjà testé, je peux vous dire que les galettes sont très bonnes ici.

Où séjourner près de la forêt ?

Pour prendre le temps de visiter la forêt de Huelgoat et les environs, je vous conseille de passer une ou deux nuits dans la ville. Il y a plusieurs options de logements disponibles à Huelgoat, comme des hôtels, des chambres d’hôte ou des Bed & Breakfast. Vous pouvez vérifier les prix et les disponibilités ICI.

Conseils pour visiter Huelgoat et sa forêt

Vis-à-vis du moulin commence le sentier de randonnée qui mène aux sites touristiques autour de Huelgoat. Au début, le chemin est large et plat. Mais très vite, le randonneur doit se faufiler dans des crevasses étroites et descendre de hautes marches. Malheureusement, le sentier de randonnée n’est pas du tout adapté aux poussettes ou aux fauteuils roulants. De bonnes chaussures sont définitivement recommandées, surtout si la météo ne coopère pas.

Le ruisseau petit mais sauvage disparaît de la vue, entre les pierres, vous n’entendez bientôt même plus le gargouillement de l’eau. Après un passage étroit, la vue s’élargit dans une autre gorge. De là, il descend plus profondément dans la « Grotte du Diable ». Traverser les rochers sous lesquels l’eau coule ouvre la voie à l’une des attractions les plus impressionnantes lorsque l’on vient visiter Huelgoat. Alors ne manquez pas cette visite dans le Finistère.

D’autres photographies prises dans la forêt

Avec son paysage unique, Huelgoat forme un contraste intéressant avec les paysages côtiers de la Bretagne. Visiter Huelgoat, la forêt et le village, vaut le détour !

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